Rituel n’est pas habitude. Le rituel, l’habitude sans son ennui possible ; le rituel, se réjouir de retrouver, de revoir, de répéter, de refaire, de proposer, de rencontrer la résistance, de construire, d’élaborer, d’accepter la nonchalance, d’échanger, de ne point oublier les visites de courtoisie ; le rituel, partage des idées avec le sourire car souvent on connaît quelque peu les positions de l’autre ; le rituel, avec sa part de découverte ; le rituel, un chant des regards, des mots, des activités, des créativités, des productions, des évaluations ; le rituel des lieux, plaisir d’avaler les kilomètres avant de s’enfoncer dans les terres douces et salées du Siné-Saloun, plaisir de reprendre ses marques sous la moustiquaire ; rituel des sens, plaisir d’entendre au réveil les oiseaux, plaisir de se doucher sous un filet d’eau, plaisir d’accepter les caprices du courant électrique, plaisir d’une langue française enroulée, chantante, ronde parsemée de wolof, plaisir de palabrer sous l’arbre; le rituel, attente de la surprise, de l’inattendu.
Cette année, un collègue nous a bouleversés : il a raconté combien, enfant, il avait été fier de son père quand celui-ci, enrôlé comme tirailleur sénégalais, était revenu au village. Un héros. A ce moment-là du travail nous étions particulièrement prudents en abordant le sujet tant il est aisé de l’associer au colonialisme, à l’exploitation de l’homme. Moment émouvant pour tous. Merci Monsieur Coly.
Cette année, pendant la pause, dans la cour, des femmes enseignantes rebelles, décidées, actives et réactives débattent. Moment de rire, de connivence féminine, de résilience. Merci Mesdames.
Rituel du retour, lancinant décalage ; rituel du retour, la tête là-bas, le corps ici. Rituel du retour, déjà l’année prochaine… il y aura 10 ans.
Christine
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